Ma préface pour l'édition francophone de l'anthologie consacrée à feu Daria Dugina, publiée chez l'éditeur Ars Magna.
Note du traducteur pour la francophonie
Daria était à peine plus âgée que moi lorsqu’elle fut assassinée. Martyre, elle ne se réduit pourtant pas à sa fin tragique. Les autres appendices de l’ouvrage le démontrent aisément.
Je souhaitais insister, pour ma part, sur l’apport de Daria à ses cadets, à ces jeunes militants qui commencent à structurer leur pensée, leur esprit.
Je n’ai pas eu l’honneur de rencontrer Daria. Aussi mon hommage ne sera pas celui d’un proche, ou d’un ami, mais celui d’un simple militant, d’un camarade de route, si j’ose dire posthume.
Daria a su incarner un niveau d’exigence pour les militants de ma génération, et pas seulement pour les jeunes intellectuels de nos mouvances, loin de là. Elle a, à sa manière, incarné un modèle de rigueur intellectuelle, morale et spirituelle. Chacun de nous, en lisant ses textes, trouvera nécessairement quelque chose susceptible de l’inspirer.
Pour nous autres jeunes soucieux de la lutte de l’esprit, comme de la lente conquête de l’hégémonie culturelle, Daria demeure l’une de nos références. Associant une vaste culture sur les sujets qui la passionnent, une connaissance profonde du point de vue adverse à, pour ainsi dire, une curiosité universelle, elle avait parfaitement compris comment défendre sa cause, et combattre celle de l’ennemi dans cet épineux champ de bataille qu’est celui des idées.
Mais le lecteur se rendra compte lui-même que Daria incarne beaucoup plus que cela. La force de conviction spirituelle qui était la sienne nourrissait une volonté farouche de défendre ce qu’elle identifiait comme Beau, Bon et Saint. Contre qui les défendait-elle ? Contre le Laid, le Médiocre et finalement, l’Inhumain.
Daria n’en était qu’au début de sa lutte philosophique contre nos ennemis. Sans doute n’avait-elle pas encore atteint ce que les anciens Grecs nommaient l’akmé, ou apogée de l’esprit. C’est aussi en cela que son exemple demeure essentiel pour nous.
Daria a défendu, tout comme son père avant elle, l’originalité, la singularité profonde de la pensée russe. Mais aussi l’universalité de ce qu’elle a nommé « l’optimisme eschatologique », ou le refus de la mort morale et spirituelle face au poison du monde contemporain. En ce sens, son œuvre est un complément naturel de l’œuvre d’Alexandre Dugin, exprimé d’un point de vue clairement revendiqué comme féminin. Preuve que la lutte la plus difficile, celle de l’esprit, n’est pas, dans nos rangs, l’apanage exclusif des hommes.
J’ai tenté, pour ma part, de traduire le plus fidèlement possible cette série de textes consacrée à « l’optimisme eschatologique ». J’espère avoir réussi.
Les militants qui s’identifient comme moi à la droite « nationale », nationaliste ou encore eurasiste aiment chercher des motifs d’héroïsme chez ceux qui les ont précédés. En 2024 nous pouvons ajouter à notre galerie des nobles exemples du passé une combattante de notre temps, Daria Dugina. Souvenons-nous d’elle, puisqu’ elle fut une sorte de grande sœur pour notre génération, et entretenons, chacun à notre niveau, la flamme ardente du combat qu’elle faisait sien. Jusqu’à la Victoire.
Vincent Téma, le 03/07/24.