L'analyse d'Alexandre Douguine sur la psychologie profonde des Indo-Européens. Publié par voxnr.fr le 21/01/24.
Douguine sur les Indo-Européens
Alexandre Douguine a pu présenter, au cours d’une vidéo diffusée sur le programme Directive Douguine, en 2017, pourquoi il est toujours capital de connaître la psychologie de nos ancêtres indo-européens :
« Pourquoi est-ce important ? Parce que pendant les derniers millénaires, les peuples indo-européens d’occident-en Europe- aussi bien que d’Orient-en Iran en Inde-ont été au centre de tous les évènements et processus les plus importants à l’échelle planétaire. Ces évènements n’ont pas toujours été bénéfiques ou merveilleux, mais les hauts et les bas des derniers millénaires ont bien été l’œuvre des Indo-Européens. »
Qui veut comprendre l’histoire du monde doit donc s’intéresser à l’histoire des Indo-Européens. Pas uniquement par curiosité personnelle, mais aussi pour mieux comprendre notre présent :
« Aujourd’hui ; alors que le sort des peuples indo-européens et de leurs cultures devient de plus en plus problématique à chaque jour qui passe, et alors qu’une crise d’identité, une catastrophe démographique et surtout une sorte d’embaumement de la conscience frappe les Indo-Européens, il est temps de poser la question : qui sont les Indo-Européens ? Qu’est-ce qui les unit, si quelque chose les unit ? De quoi s’approchent-ils dans ce moment critique de leur histoire et de leur destin ? »
S’adressant à un public russe, Douguine a alors rappelé l’identité indo-européenne des Slaves, et l’origine géographique initiale des Indo-Européens, que les historiens situent de nos jours dans la steppe pontique, c’est-à-dire le sud de la Russie.
Mais comment définir le ou les peuples indo-européen(s) ?
« L’identité des Indo-Européens repose sur ce qui suit. Ils sont simplement les peuples qui depuis l’Antiquité ont vénéré les dieux célestes et paternels, les dieux de lumière. Dans les temps anciens, le polythéisme prédominait parmi les Indo-Européens, mais après la naissance du Christ (…), à commencer par les Grecs et les Romains, ils adoptèrent le christianisme. Toute l’Europe ne devint pas chrétienne, mais dans ce cas le Dieu de la Trinité était conçu comme la lumière incréée, le roi céleste et, après tout, la loyauté envers la lumière et le ciel était un trait intégral de la religion indo-européenne. »
La foi de ce peuple n’évolue donc pas avec le temps, car évolution signifie disparition du peuple lui-même. Cette identité a aussi plusieurs significations sociales concrètes :
« Les peuples indo-européens sont de la famille patriarcale. Ils n’humiliaient pas les femmes, ils ne les considéraient pas non plus comme des objets ou des esclaves, mais ils ne leur donnaient pas le libre arbitre. Le patriarcat indo-européen venait du principe selon lequel le ciel est le père, et la terre la mère. Cela ne diminue pas les mérites de la terre ou des femmes, mais la verticale est évidente. »
La plus importante de ces manifestations est peut-être la stricte hiérarchie sociale et traditionnelle de ces peuples. En ce sens, Douguine affirme sa filiation avec Georges Dumézil, le célèbre anthropologue, philologue et historien français :
« L’historien français Georges Dumézil documenta et prouva que toutes les sociétés indo-européennes étaient construites sur le modèle triadique fondé sur trois castes ou trois états. Les prêtres, les rois sacrés et le clergé formaient la première caste. Le clergé était inséparablement lié au royaume. Le règne d’un usurpateur, d’un violeur ou d’un idiot était considéré comme une anomalie. »
Le rôle capital de la deuxième caste dans l’histoire des Indo-Européens est souligné :
« La deuxième caste était celle des guerriers professionnels. Les Indo-Européens étaient sans égaux à cet égard. Ils surent toujours combattre et le firent toujours. Les Indo-Européens domestiquèrent le cheval et inventèrent le char qu’ils utilisèrent bien sûr pour attaquer, pour combattre, et pour vaincre. Avec un tel esprit les Indo-Européens créèrent tous les Etats de l’Europe et un grand nombre des Etats de l’Asie. En un sens, grâce à la deuxième caste, les Indo-Européens parvinrent graduellement à la domination mondiale. Que cela ait été bon ou mauvais est une autre question. Mais le fait est qu’ils le firent. Ce sont toujours les guerriers qui créent les États, et les Indo-Européens accomplirent cela superbement. »
Quid du reste de la société ? Tous les autres membres de la société appartenaient à la troisième caste, composée des paysans et des travailleurs :
« La production matérielle, la santé, la nourriture et les femmes appartenaient principalement à la troisième caste, c’est-à-dire que tout cela se trouvait tout en bas de la hiérarchie indo-européenne. »
La conception du monde des Indo-Européens s’est donc construite sur cette division :
« Les prêtres et le roi correspondaient au ciel, les guerriers à l’air, et les paysans à la terre. Tout est le système de valeurs des Indo-Européens était fondé sur cela, et il en fut ainsi pendant des millénaires. Tous les types de religions, de sociétés, de cultures, de mythes, de contes, de chroniques historiques et de systèmes économiques indo-européens furent construits sur ce modèle trifonctionnel et patriarcal. Cela signifie qu’être un Indo-Européen signifie appartenir à une société de prêtres, de guerriers, et de travailleurs. »
Vous aurez remarqué qu’il manque dans cette partition des rôles sociaux bien des activités humaines, pour quelques-unes presque aussi ancestrales que ces trois castes, comme le commerce. Mais quel rapport entre ces activités et la société en trois castes de nos ancêtres ?
« (…) cela a-t-il un lien avec les marchands, les commerçants, et les usuriers ? allez-vous me demander. En aucune manière. Ces types humains étaient méprisés dans les sociétés indo-européennes. Le capitalisme apparut seulement quand les valeurs indo-européennes commencèrent à être oubliées, dégradées, et dégénérées. Les sociétés indo-européennes ne connaissaient pas non plus l’égalité, un signe de dégénérescence. Elles ne connaissaient pas non plus le féminisme ou la sodomie, qui étaient des traits des terres du matriarcat et des cultes non-indo-européens comme le culte de Cybèle. »
En somme, la décadence vient d’une maladie d’origine extérieure comme intérieure, qui a corrompu le « corps » indo-européen. Cette maladie a un nom bien précis, c’est la « modernité » :
« La modernité européenne, qui abolit la religion, la foi dans le roi et le Père Céleste, les castes, la compréhension sacrée du monde, et essentiellement le patriarcat, fut le commencement de la chute de la civilisation indo-européenne. Le capitalisme, le matérialisme, l’égalitarisme et l’économisme sont tous la revanche de ces sociétés auxquelles les Indo-Européens firent la guerre, qu’ils subjuguèrent, et qu’ils tentèrent d’améliorer, ce qui compose l’essence de l’histoire de tous les peuples indo-européens. La modernité fut la fin de la civilisation indo-européenne. Elle correspond naturellement au nadir. Ce n’est pas une abstraction, car elle nous affecte des manières le plus directes. »
L’histoire de l’Europe serait donc, depuis le début des temps modernes, une pente de plus en plus raide.
L’intervention du fondateur du concept de « néo-eurasisme » s’accompagne d’un appel au sursaut collectif, continental :
« Aucun compromis ne nous aidera. Soit nous disparaîtrons et nous serons dissous, soit nous devrons restaurer notre civilisation indo-européenne dans son entièreté, avec toutes ces valeurs ses coutumes et sa métaphysique. Si nous voulons nous préserver en tant que peuple, en tant que peuple indo-européen, nous devons nous réveiller et renaître et nous opposer à tout ce qui a été pris comme allant de soi dans le monde de la modernité. »
Douguine achève son propos sur un mot d’ordre :
« Au diable le monde de la modernité. »
Vincent Téma (vincentdetema@gmail.com), le 19/01/24.