L'analyse d'Alain de Benoist sur l'identité juive, dans son livre Nous et les autres, l'identité sans fantasmes. Publié par voxnr.fr le 12/05/24.
Alain de Benoist sur l’identité juive
C’est dans son ouvrage Nous et les autres, l’identité sans fantasmes, qu’Alain de Benoist évoque la question de l’identité juive. Il commence par quelques rappels :
« Dans le langage courant, le mot ‘juif’ désigne aussi bien ceux qui pratiquent le judaïsme (la religion juive) que ceux qui s’estiment ‘d’origine juive’ sans pour autant avoir la moindre pratique religieuse, mais qui se reconnaissent dans un héritage historique ou culturel. Une troisième catégorie concerne ceux qui ont rejeté tout lien religieux ou communautaire, mais que les autres considèrent toujours comme juifs. S’y ajoutent encore ceux qui sont d’origine juive, mais l’ignorent eux-mêmes. L’identité juive semble ainsi comporter un double volet : l’identité religieuse et identité ethnoculturelle. »
Là réside l’originalité intrinsèque au peuple juif, ou Juif. Une précision sur l’usage de la minuscule ou de la minuscule :
« En français, l’habitude est d’écrire le mot « juif » avec une minuscule lorsqu’il s’agit de la religion, avec une majuscule lorsqu’il s’agit du peuple. Cette distinction, que nous nous sommes efforcés de respecter, n’est pas toujours aisée à faire. Le terme de « judéité » recouvre l’ensemble des caractères qui définissent l’identité juive, celui de « judéité », l’observance des lois et commandements propres au judaïsme. Certains auteurs considèrent ces deux mots comme synonymes. On emploie aussi parfois le terme de ‘judaïcité’. »
Alain de Benoist relève que la judéité semble difficile à définir, en raison de la particulière souplesse du terme. Il donne ainsi quelques exemples historiques : Mendès France, ancien Président du Conseil français, qui se définissait lui-même comme « pas religieux ni pratiquant », s’estimait cependant juif, ce qui signifiait pour lui appartenir à une « sensibilité », basée sur la « sensation » d’être juif, sans rapport avec un quelconque « fait racial ». On peut comparer cette identification à celle d’un autre personnage célèbre, le psychanalyste Freud, athée avéré et pourtant se considérant appartenir au peuple juif, « allant même jusqu’à s’identifier à Moïse à certaines époques de sa vie. »
Notre auteur poursuit :
« Être juif, se sentir ou ne pas se sentir juif, être ou non considéré comme juif, n’en sont pas moins des faits dont on rend compte, le plus souvent, par une approche subjective s’appuyant sur des considérations historiques culturelles, sociologiques, psychologiques, etc…qui, comme telle, ne peut faire l’unanimité. »
Aussi :
« Du point de vue du judaïsme religieux, la réponse à la question ‘Qui est Juif ?’ paraît simple. La tradition juive (halakha, ‘voie’) fruit des débats des Tannaïm, sages de la période post-exilique [après la destruction du Second Temple de Jérusalem en 70 de notre ère par les troupes de l’empire romain) chargés de scruter la Bible hébraïque (Torah), définit de manière canonique comme juif un individu né de mère juive ou ayant adhéré au judaïsme par le biais d’une conversion effectuée selon les règles de la halakha. »
Le judaïsme rabbinique affiche donc une doctrine claire et rigoureuse :
« Selon une attitude constante dans le judaïsme rabbinique on est juif si l’on a une mère juive, que cette mère ait été mariée ou non. La judéité se transmettant par la mère, en cas de mariage mixte, l’enfant dont la mère est juive et le père non juif est reconnu comme juif, tandis qu’il n’est pas reconnu tel quel si la mère n’est pas juive, même si son père l’est. »
Mais alors, quels enfants sont juifs ou ne le sont pas ? Réponse :
« Plus précisément, les enfants d’un père juif et d’une femme non juive ne seront pas considérés comme juifs (parmi leurs descendants seuls pourront l’être les enfants de ceux qui auront épousé une Juive)tandis que les descendants d’une mère juive seront toujours considérés comme juifs, quel que soit le nombre de non-juifs qu’elle peut compter parmi ses ascendants, aussi longtemps que les garçons continueront à épouser des Juives, et même si les filles épousent des non-Juifs (goyim) durant des générations. »
« Le point à retenir est que, du point de vue, du judaïsme, le fait d’être juif n’a rien à voir avec ce que l’on pense, ce que l’on croit ou ce que l’on fait. On peut être juif, on l’a vu, tout en étant agnostique ou athée. Le judaïsme étant avant tout une orthopraxie, la distinction entre ‘croyants’ et ‘pratiquants’ n’a d’ailleurs pas le même sens que dans le christianisme. »
Il existe un statut intermédiaire entre le non-juif strict (ou goy) et le juif:
« Une personne qui n’est pas née de mère juive et ne s’est pas convertie, mais qui professe tout ce qu’affirment les juifs orthodoxes et pratique tout ce qu’ils pratiquent, observe les mitsvot, s’affirme solidaire de la communauté juive et déclare accepter le ‘joug de la royauté du ciel’ (ol malkhouth chamaîm) reste non juive même aux yeux des courants les plus libéraux du judaïsme, tandis qu’une personne née de mère juive, ou convertie selon les règles, qui ne pratique aucune religion, se déclare athée et ne se sent en aucune manière solidaire du monde juif, reste juive même aux yeux des ultraorthodoxes (Talmud de Babylone) »
« La circoncision (brit milah), normalement pratiquée le huitième jour, est considérée comme une mitsvah très importante, mais ne confère pas la judéité. Un juif non circoncis est parfaitement juif. Il peut aussi se marier religieusement, ce qui ne change toutefois rien à l’obligation de se faire circoncire. La mère ne transmet pas la religion (le judaïsme), mais la judéité. »
Ainsi donc le fait essentiel est de bien comprendre que le judaïsme est la religion d’un peuple. Et que l’appartenance à ce peuple compte plus que ce que les chrétiens ou musulmans appellent la ‘croyance’ ou la ‘foi’. L’auteur le rappelle :
« Être juif, c’est appartenir à un peuple, ce peuple étant compris dans sa triple dimension historique, religieuse et ethnoculturelle. »
Qui d’ailleurs fixe l’appartenance à ce peuple ?
« Les autorités consistoriales et rabbiniques sont seules habilitées à décerner un certificat de judéité aux personnes reconnues comme juives. Ce certificat s’obtient normalement en produisant divers documents : extraits de naissance ou de décès, attestation d’acte de mariage juif des parents (ketouba), livret de famille etc. Das le judaïsme orthodoxe, ne pas pouvoir obtenir ce certificat pose différents problèmes du point de vue de la pratique juive : impossibilité de se marier religieusement avec un Juif, d’être enregistré dans une synagogue et de compter pour le minyan, de faire sa bar mitsva si l’on est un garçon ou sa bat mitsva si l’on est une fille, d’être admis dans une école juive, de recourir à un tribunal rabbinique, d’être inhumé avec son conjoint dans un cimetière juif, etc. Dans le judaïsme réformé ou libéral, la bar mitsva ou la bat misva tient lieu de certificat de judéité. »
Le divorce est indissociable de la répudiation :
« Les divorces doivent également obéir à la loi juive. Ils ne peuvent prendre que la forme d’une répudiation de la femme par son mari. Une femme abandonnée par son mari, mais qui n’a pas reçu d’acte de répudiation (get), ou qui n’ a pas la preuve que son mari est mort, voire une veuve sans enfants dont les beaux-frères ne se sont pas récusés solennellement du devoir biblique de succéder à leur frère décédé, est considérée comme encore mal mariée. »
La bigamie est possible dans le judaïsme. En fait, un mari qui refuse de donner le get à son épouse peut en revanche épouser religieusement une seconde femme, ce qui le fait devenir bigame en toute légalité religieuse (hetter me’ah rabbanim). Cette réglementation est à l’origine de cas « souvent douloureux. »
Un problème se pose avec les unions mixtes :
« La judéité d’un enfant né de père et de mère juifs n’est à priori pas sujette à question. Il n’en va pas de même en cas de mariage mixte, le statut des enfants issus d’une telle union constituant un sujet particulièrement controversé. »
C’est un problème que l’on retrouve tout au long de l’histoire juive :
« Le refus des mariages mixtes est une grande constante de l’histoire du peuple juif. A l’époque romaine, Tacite souligne, comme un trait caractéristique, que les Juifs s’abstiennent de s’unir à des femmes étrangères. »
Sachons qu’à l’heure actuelle, même le judaïsme libéral ou réformé, réputé plus laxiste, se refuse à célébrer les mariages mixtes. Les enfants de couple mixte sont d’ailleurs réputés porteurs d’une ‘identité déchirée’. Dans un passé récent, la réaction de rejet des familles où survenait un mariage mixte consistait à ‘porter chiva’, c’est-à-dire à déchirer leurs vêtements et à prendre le deuil.
Et Alain de Benoist de préciser :
« L’interdiction des mariages mixtes frappe certes également les Juives qui épousent un non-juif, mais c’est le cas inverse, celui d’un Juif épousant une non-Juive, qui est le plus expressément condamné en raison de l’exégèse : ‘l’identité nationale ne demeure qu’en l’enfant d’une femme israélite, et non en l’enfant d’un homme israélite qui se marie avec une fille du pays.’ (Talmud de Babylone). »
Lorsque naquit le mouvement sioniste à la fin du XIXe siècle, d’autres raisons s’ajoutèrent au refus du mélange :
« Dans le mouvement sioniste, comme dans les milieux orthodoxes, les mariages mixtes ont été considérés comme des facteurs d’assimilation, celle-ci étant elle-même regardée comme l’une des plus graves menaces pesant sur le peuple juif. » Le mariage mixte fut même comparé par ces mêmes sionistes à une ‘extermination spirituelle’.
Vivre avec les Gentils, et non plus seulement parmi eux, idée dans la lignée d’un Mendelssohn et des Lumières juives au XVIIIe siècle, et qui avait trouvé un certain écho au sein de la population juive, est désormais considéré comme un ‘marché de dupes.’ Il y eut donc dès cette époque un rejet ou à l’inverse une adhésion à un « cosmopolitisme », sans que cela ne semble remettre en cause leur identité juive : celle-ci a évolué, mais n’a pas disparu.
Le mariage mixte, autrefois rare, est désormais un fait courant : c’est un mariage sur deux désormais, et les enfants de ces couples mixtes se marient, neuf fois sur dix, hors de la communauté juive.
Au sujet de l’ascendance des communautés juives, les analyses génétiques modernes avancées par l’auteur sont claires : « Les nombreuses études génétiques ayant porté sur l’ADN des Juifs Ashkénazes montrent en effet une nette discordance entre les lignées paternelles, identifiées par l’étude du chromosome Y, qui n’est présent que chez les hommes, et les lignées maternelles, identifiées par l’ADN mitochondrial (mtDNA) présent seulement chez les femmes. Les premières indiquent une lignée masculine très majoritairement originaire du Proche-Orient, tandis que les secondes montrent que plus de 80% des Adn mitochondriaux des Juifs achkénazes actuels ont une origine européenne remontant à la préhistoire aucun ne renvoyant toutefois à la région du Caucase ce qui contredit l’hypothèse khazare, et les études considérées caduques de Shlomo Sand :
« Ces résultats montrent que les Juifs qui se sont progressivement installés en Europe après la chute du Second Temple étaient pour la plupart des célibataires, qui ont trouvé leurs femmes sur place et les ont épousées après les avoir éventuellement converties. En dépit de la règle de matrilinéarité, c’est donc surtout par leurs ancêtres masculins que les Juifs ashkénazes se rattachent aux anciens Hébreux. »
La matrilinéarité des Juifs telle qu’envisagée par les rabbins peut aller jusqu’à refuser à un père sa parenté si la femme avec qui il a eu un enfant n’est pas juive. Garante de la conservation historique du peuple juif, cette matrilinéarité a eu son importance en raison du fait que le prosélytisme, selon une opinion manifestement dominante chez les historiens, n’a que rarement été prosélyte.
Aussi la ‘mission universelle’ du judaïsme n’a rien à voir avec les concepts du même nom dans le christianisme et l’islam : « elle doit en effet compter avec la notion d’élection, c’est-à-dire qu’elle ne peut prendre la forme d’une activité qui aboutirait à faire disparaître la différence existante entre Juifs et non-Juifs. Cependant :
« Le judaïsme ne demande pas aux non-Juifs de devenir juifs, mais leur assigne néanmoins des devoirs religieux. »
Il n’est d’ailleurs pas impossible de se convertir au judaïsme, mais cette demande est « généralement accueillie avec circonspection », surtout chez les rabbins juifs les plus traditionnalistes. Suit pour le candidat une mise à l’épreuve, pour vérifier les intentions réelles du postulant. Sincérité et solidité des intentions font l’objet d’un examen attentif. Maïmonide (philosophe, métaphysicien et théologien du XIIe siècle, et considéré comme un exégète éminent de la Mishna, ou loi juive orale) précisait déjà que, lorsqu’un individu déclare vouloir se convertir au judaïsme, il faut s’assurer qu’il ne cherche pas à le faire en étant poussé par la crainte ou pour se procurer un avantage, ou encore dans la seule intention d’épouser un conjoint juif. Cette période de mise à l’épreuve peut durer plusieurs années. Mais une fois sa candidature acceptée, le converti jouit des mêmes droits et des mêmes devoirs que le juif de naissance. Il est alors considéré comme « Israël ».
Toutes les tendances du judaïsme acceptent les conversions, mais les différences dans le niveau d’exigence requit occasionnent des conflits : le rabbinat orthodoxe refusant de reconnaitre certaines conversions réalisées par des rabbins libéraux.
Quid de ceux qui, à l’inverse, quittent la communauté juive ? La règle traditionnelle refuse qu’un converti, même si elle ne lui reconnait plus ses prérogatives anciennes, soit dispensé de ses obligations envers la communauté. Mais elle peut décider, ponctuellement, une sortie définitive de tel ou tel individu de toute appartenance avec al communauté juive. Le herem, ou anathème, est une mise au ban de la communauté juive, l’équivalent d’une excommunication, pour comportement jugé nocif à la communauté. Spinoza la subit en son temps.
Quid de l’entité Sioniste ?
« Cet Etat [Israël]; conformément à l’idéologie sioniste, se veut un Etat ethnique, en l’occurrence un Etat exclusivement juif. »
L’état civil en Israël est aujourd’hui encore du ressort exclusif des tribunaux religieux. Les mariages et les divorces, pour ne citer qu’eux, ne peuvent être effectués qu’en conformité avec la loi religieuse juive.
Mais cet Etat est pensé comme appartenant « à tous les Juifs du monde, et donc aussi aux Juifs de la Diaspora. » C’est le fondement même de la loi du retour, qui fait de tout juif résidant hors d’Israël un citoyen israélien potentiel. Mais le rabbinat orthodoxe ne considère pas l’alyah (retour à la terre promise) comme nécessairement valide, en raison de conversions considérées comme non conformes.
Un certain courant d’opinion, mécontent du refus de voir considérer comme juifs des individus ayant obtenu leur certificat de judéité venant d’obédiences libérales ou réformées, veulent faire en sorte que désormais le rabbinat orthodoxe ne soit plus habilité à décerner la citoyenneté israélienne. A cela s’ajoute des tensions entre Etat israélien et rabbinat orthodoxe quant aux conversions réalisées à l’étranger par des rabbins réformés. L’Etat, notamment à cause de l’importance du judaïsme américain, à majorité réformé, ne se permet pas d’obtempérer aux pressions des conservateurs. Néanmoins, chaque année en Israël, on accepte 2000 conversions.
On en arrive à une étrange singularité de la loi israélienne : Alain de Benoist nous précise qu’aux yeux de celle-ci, il convient de distinguer entre nationalité et Etat hébreux. En effet, il n’existe pas de nationalité israélienne à proprement parler, alors même qu’il existe une citoyenneté israélienne commune, celle-ci étant le plus souvent considérée au sens de l’ethnie. Un ancien président de la Cour suprême israélienne avait d’ailleurs déclaré en 1970 : « Il n’y a pas de nation israélienne distincte du peuple juif […] Le peuple juif est composé, non seulement des Juifs qui résident en Israël, mais également de la communauté juive de la Diaspora. »
Et Alain de Benoist ajoute : « La même opinion a été répétée depuis par la plupart des tribunaux. »
L’un des enjeux que devra affronter l’Entité sioniste dans les prochaines années de son existence sera pourtant d’affronter la progression démographique des populations arabes, dont le nombre d’enfants par femme demeure supérieur à celui des femmes juives.
Passé depuis quelques années sous la barre des 20 000 arrivants, l’immigration en Israël est désormais numériquement inférieure à l’émigration hors d’Israël. C’est l’une des raisons qui pourrait expliquer la plus grande tolérance des autorités israéliennes vis-à-vis des conversions. Et pourtant, en juillet 2018, la Knesset, le parlement de l’Entité, a officiellement adopté une loi « Israël, Etat-nation du peuple juif », une des lois fondamentales de son Etat aujourd’hui.
Cette loi affirme que le droit à l’auto-détermination nationale dans l’Etat d’Israël appartient au seul peuple juif, que la capitale d’Israël est « Jérusalem entière et unifiée » et que l’hébreu sera désormais la seule langue d’Etat (la langue arabe, jusque-là deuxième langue de l’Etat, ne bénéficiant plus que d’un ‘statut spécial’).
L’impression première que donne la lecture de l’excursus du livre d’Alain de Benoist, tout entier consacré à la question de l’identité juive, c’est le conservatisme parfois rabique des diverses tendances du judaïsme. Il est pourtant étrange que le co-fondateur de la Nouvelle Droite n’ait pas cherché à davantage interroger le poids de la Deuxième guerre mondiale dans l’identité juive moderne, mais peut-être est-ce beaucoup moins important que de saisir la construction de l’identité juive depuis les guerres perdues contre l’empire romain au temps des Vespasien et des Titus.
On peut légitimement se demander si les conséquences politiques et psychologiques de l’attaque du 7 octobre ne provoqueront pas un raidissement comparable, au moins dans les mentalités des plus conservateurs des rabbins et des hommes politiques de l’Entité, à la loi de juillet 2018 : l’Histoire donne un certain nombre de cas où lorsqu’un Etat s’estime faible, et/ou en danger, il adopte des mesures drastiques visant à conjurer la menace qui se dessine devant lui. D’autant plus que comme le rappelle Alain de Benoist, le temps joue contre l’Entité, puisque c’est l’essor démographique de nos alliés naturels, les Arabes vivant en Palestine et les juifs ultra-orthodoxes, généralement antisionistes, qui menace sa cohésion profonde, beaucoup plus, et beaucoup mieux, que les mortiers du Hamas.
Vincent Téma, le 11/05/24, (vincentdetema@gmail.com)