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Sur l'anthologie des discours de Thomas Sankara

Une fiche de lecture pour la maison d'édition KontreKulture.

Sankara :

(Publié le 15/10/2022 par KontreKulture)

 

 

« L’impérialisme est là-bas au Moyen-Orient et est en train d’écraser les peuples arabes : c’est le sionisme. » Discours du capitaine Sankara prononcé le 26 mars 1983.

 

Thomas Isidore Noel Sankara ne peut se réduire à une icône du patriotisme burkinabè, à un combattant flamboyant de la lutte pour la justice sociale, ou à un martyr du panafricanisme. Il est, plus largement, une figure universelle de du combat planétaire contre ce que l’on ne nomme aujourd’hui l’Empire, l’axe mondialo-sioniste.

Sankara savait reconnaître ses ennemis, ceux de l’extérieur comme ceux de l’intérieur :

« Qui sont les ennemis du peuple ? C’est encore cette fraction de la bourgeoisie qui s’enrichit malhonnêtement par la fraude, par la corruption, par le pourrissement des agents de l’Etat ».

A l’origine jeune officier de l’armée d’un pays déchiré par des luttes politiques qui ne semblaient pas vouloir prendre fin, Thomas Sankara connut la prison, avant d’être libéré et d’accéder aux responsabilités de son pays, par la force des armes.

« Assainissement, justice sociale, liberté, démocratie. » Telle était sa feuille de route.

Notre homme fut un ennemi acharné de l’impérialisme que subissait le continent africain, conspuant notamment la « Françafrique », ou l’ingérence diplomatique, économique et militaire du gouvernement en Afrique francophone, et dont Foccart fut le maître d’œuvre ainsi que le symbole. Thomas Sankara su remporter, en à peine quatre ans, un pari crucial, dont la réussite devait conditionner l’indépendance de son pays : parvenir à l’autosuffisance alimentaire de la Haute-Volta. Il en profita pour renommer sa patrie, dont le nom était issu de l’époque coloniale, en « Burkina Faso », ou « pays des gens intègres » en bon français. Ecologiste précoce et même assez féministe, dans le sens honorable du terme, il fut aussi un des leaders mondiaux de la lutte des non-alignés contre la puissance américaine comme celle des Soviétiques.

Sankara mourut prématurément, à 37 ans, victime d’un coup d’état qui mit fin à son pouvoir, et à sa vie. C’était le 15 octobre 1987. Il rejoignit alors le panthéon des martyrs de la lutte mondiale pour la liberté.

Méditons sur l’une de ses réflexions qui n’ont rien perdu de leur pertinence :

« Voyez-vous, l’impérialisme a tort. Mais l’impérialisme est un mauvais élève. Quand il est battu, il est renvoyé de la classe, il revient encore. C’est un mauvais élève. Il n’a jamais appris la leçon de son échec, il n’a jamais tiré la leçon de son échec. »

Lorsqu’on relit les discours de Thomas Sankara dans cette merveilleuse anthologie de ses discours publiée par Kontre Kulture, on peut au moins convenir d’une chose : Rien n’a changé entre hier et aujourd’hui, pour l’Afrique comme pour le reste du monde. Aussi, lire Thomas Sankara, c’est mieux connaître le combat d’un homme qui sacrifia sa vie dans le combat contre l’Empire, et pouvoir s’inspirer de son courage dans la perspective des temps à venir.

 

Vincent de Téma, le 14/10/2022

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